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Initialement publié chez l’Anthroposcène : lien de l’article

Intro

Nous vivons un moment singulier de notre histoire humaine, celui d’un changement de paradigme majeur, c’est-à-dire que notre modèle de civilisation est en cours de profonde réinvention. Ce qui s’accompagne aussi bien de désagrégations des référentiels précédents comme de balbutiements du modèle émergent. Et au milieu l’humus d’une post-modernité underground aux appétences éphémères qui labourent les fonds d’un humus redécouvert pour nourrir, à l’instar des vers de terre, le terreau du prochain paradigme.

De quoi parlons-nous ?

La sociologie va qualifier le paradigme « démergent » de modernité car ses critères « progrès technologiques apportant le bonheur à tous » n’a pas rempli toutes ses promesses. La machine s’est emballée et nous pillons désormais toutes les ressources de la terre dans une course sans fin pour la croissance et la consommation. La Terre, et le GIEC nous le rappelle régulièrement, ne peut plus supporter cette frénésie consumatoire. Au désir insatiable, les limites du réel viennent apporter les germes de nouvelles consciences qui s’emparent d’écologie, de frugalité, d’économie circulaire, d’écosystèmes symbiotiques pour s’inspirer des principes du vivant et trouver des pistes rénégératives et durables.

Alors nous tâtonnons. Quel tri sélectif effectuer dans ce fatras de référentiels multiples qui s’interpénètrent. Que voulons-nous pour demain ? Un monde durable, des énergies propres, une santé de qualité, une culture vivace et créative, des territoires vivants, le respect de la diversité, la fécondité des échanges, des économies productives de valeur et qui ne détruisent plus… ? Nous voyons que nous devons nous réinventer et les modèles pour y parvenir s’opposent. Ce que d’aucuns nomment « l’ancien monde », d’autres « le monde de demain » et dans l’intervalle « la soupe interstitielle » inconfortable, pour les uns, et fantastique d’opportunités et de créativités pour les autres.

Ces deux dernières années bercées de crise sanitaire et couronnée de guerre et d’élection aux modalités répétitives ont englué les citoyens dans les peurs et les inerties, alors allons-nous nous replonger à corps perdu dans des consommations compulsives faisant oublier les mauvais moments ou allons-nous convoquer ce moteur fantastique du vivant qu’est la résilience ?

Effet de mode ou tendance réelle ?

Mot valise diront certains, buzzword pour d’autres, vidé de sa substance pour quelques autres.

Il est vrai que dès l’instant qu’une nouvelle manière de définir le social surgit, l’effet de mode, médiatisé et amplifié par les caisses des réseaux sociaux et les effets des algorithmes, la notion est très vite saturée au point de vider le mot de toute substance, d’en dégoûter tout le monde et de le rendre obsolète.

Nous sommes devenus des hyperconsommateurs addicts de mots et de symboles.

Cependant, de temps à autre, les mots ne sont pas que des valises et ils véhiculent avec eux de solides réalités, vivantes.

La nature se moque bien de nos atermoiements et de nos effets de mode et pendant que nous jetons des pépites aux bennes de l’obsolescence symbolique programmée, les principes qui nous rendent toujours vivants poursuivent leur trajet. La résilience est l’un d’entre eux. Avoir la capacité, comme le Phénix, de renaître de ses cendres est un formidable cadeau. Celui de s’adapter, se réinventer, retrouver ce foyer d’énergie qui nous permet de nous relancer dans le jeu de la vie et de co-créer de nouvelles frontières, des imaginaires qui repoussent les limites de nos destructions. Retrouvons, comme nous y invite Edgar Morin et/ou Pierre Rabhi, la poésie comme chemin de légèreté, comme ce temps d’avance qu’a l’artiste, à l’écoute des bruissements de la vie, d’avant-garde en avant-postes, ravissant nos cœurs et traçant le chemin de nos futurs souhaités.

Christine Marsan, 26 avril 2022

https://lanthroposcene.fr/2022/04/24/resilience-to-be-or-not-to-be/

(Crédit Photo : Christine Marsan / DR)

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